Le lapin digère-t-il l’amidon ?
[vc_row][vc_column][vc_column_text]Vous vous demandez souvent si l’amidon est un composant digérable ou non pour le lapin ? La réponse simple et courte est OUI. Cependant ci dessous nous allons vous expliquer le pourquoi du comment et vous présenter les limites de cette digestibilité. Cet article se base sur un grand nombre de références bibliographiques, la principale étant citée à la fin.
En tant qu’herbivore, le lapin possde une physiologie digestive adaptée à l’ingestion de quantités élevées de fibres alimentaires, qu’il digère avec une efficacité modeste. Cependant, le lapin est aussi un monogastrique et il utilise très efficacement des aliments peu fibreux et dont la teneur en énergie digestible est plus élevée.
Qu’est ce que l’amidon ? et où en trouve-t-on ?
L’amidon (du latin amylum, non moulu) est un glucide (sucre) complexe (polysaccharide ou polyoside) composé d’unités D-glucose (sucre simple). Il s’agit d’une molécule de réserve pour les végétaux supérieurs.
L’amidon se trouve dans les organes de réserves de nombreuses plantes :
- les graines (en particulier la châtaigne, les céréales (blé, maïs, froment, etc.) et les légumineuses) ;
- les racines ;
- les tubercules et rhizomes (pomme de terre, patate douce, manioc, etc.) ;
- les fruits où l’amidon a pour fonction de stimuler la dispersion des graines (quand il y en a).
- On trouve aussi de l’amidon dans les organes photosynthétiques de plantes, notamment au niveau des feuilles.
Un certain nombre de friandises (ou même d’accessoires) utilisent de l’amidon végétal pour son effet collant. Parfois l’amidon végétal peut aussi être utilisé pour lier certains granulés, ce n’est pas le cas des granulés de notre marque.
Comment l’amidon est-il digéré par le lapin ?
Chez le lapin adulte ou en fin de croissance, la digestibilité fécale de l’amidon est quasi-totale (95 à 100 %). On observe généralement une légère baisse de la digestibilité fécale de l’amidon lorsque sa concentration dans l’aliment augmente (Parigi-Bini et al 1990).
Mais la digestion intestinale de l’amidon dépend fortement de l’âge de l’animal, puisque l’équipement enzymatique permettant l’hydrolyse de l’amidon dans l’intestin grêle n’est totalement installé qu’à 6 semaines. (Corring et al 1972).
Chez l’adulte, la digestibilité iléale de l’amidon peut varier entre 93 et 99 % (Gidenne 1992, Merino et Carabao 1992), alors que la digestibilité fécale de l’amidon ne varie pas et est quasi totale (99 à 100 %). La digestion caecale de l’amidon ne concerne donc que des faibles quantités d’amidon et compense totalement les variations de digestion dans l’intestin grêle.
Cette partie nous permet donc de conclure que l’amidon est parfaitement digestible par les lapins.
Quid de l’amidon dans l’alimentation ?
Les études ont montré que l’amidon issu de céréales est le moins digeste et le plus “risqué”. (Blas et al 1990).
Il est important de connaître les facteurs qui interviennent sur le site de dégradation de l’amidon, et en particulier la quantité et la nature de l’amidon ingéré, en rapport avec les capacités d’hydrolyse intestinale de l’amidon par l’animal. En effet, une surcharge alimentaire en amidon peut accroître le flux d’amidon entrant dans le caecum, modifier l’activité microbienne, et pourrait être l’origine de troubles digestifs chez le lapin. (Cheeke et Patton 1980). L’emploi d’amidon peu digeste dans l’intestin grêle peut aussi être un facteur d’accroissement du flux iléal d’amidon.
Même avec un apport suffisant de fibres, des troubles digestifs peuvent apparaître si l’apport d’amidon est trop important.
En conclusion :
Le lapin peut utiliser efficacement des aliments peu fibreux, à teneur élevée en énergie digestible. Mais la réduction de la teneur en fibres des régimes, associée le plus souvent une élévation de la teneur en amidon, conduit une augmentation de la fréquence des troubles digestifs (souvent mortels). Il faut donc maîtriser
les apports alimentaires de fibres et d’amidon, aux plans quantitatif et qualitatif, pour permettre une sécurité alimentaire optimales. (C’est pour cette raison que l’alimentation à base de céréale est vivement déconseillée)
Les quantités d’amidon et de fibres alimentaires ingérées par le lapin influencent la fois la digestion de l’aliment, l’activité microbienne caecale et le transit digestif. Les effets des fibres dépendent non seulement de leur quantité mais aussi de leur nature. De même, la quantité d’amidon entrant dans le caecum ne dépend pas seulement de la quantité ingérée mais aussi de la nature de l’amidon.
De nombreux travaux sont encore nécessaires pour fixer des recommandations précises quant aux doses maximales d’amidon ingérables sans risque par un lapin.
Ce qu’on en pense – nos recommandations
A la lumière de nos lectures nous avons conclu que, par prudence, il ne valait mieux pas donner un aliment quotidien trop riche en amidon (pour les chercheurs “trop” entend un taux au delà de 10 et 20%). Dans le cadre de friandises cela ne pose donc pas de soucis. Comme toujours il s’agit de trouver un juste équilibre entre les friandises et l’alimentation en matière de taux.
Une teneur trop élevée en amidon est associée à une plus grande fréquence de diarrhées. (Gidenne et Jehl 1996, Jehl et Gidenne 1996)
Nous ne pouvons que vous conseiller l’alimentation quotidienne la plus riche en fibres possible (beaucoup beaucoup de foin !), très faible en fructose, en matières grasse et en amidon.
Pour les friandises, l’amidon végétal n’est pas un problème (prudence cependant en ce qui concerne les lapins qui auraient une alimentation quotidienne riche en amidon). Attention aux friandises riches en fructose (comme les fruits), qu’il faut donner avec beaucoup de modération. En effet, les aliments sucrés, particulièrement les fruits, peuvent déstabiliser l’équilibre délicat de la flore bactérienne intestinale du lapin. (Clinique vétérinaire Laval).
Source principale de l’article :
GIDENNE T., 1996. Conséquences digestives de l’ingestion de fibres et d’amidon chez le lapin en croissance : vers une meilleure définition des besoins. INRA Prod. Anim., 9 (4), 243-254.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
Enfin un article complet qui cite des sources scientifiques! C’est très plaisant à lire!
Merci beaucoup